vendredi 13 novembre 2009

Note d'intention du dr Sirodot


Le passage du coma à l’éveil  est une étape critique du séjour d’un patient en réanimation, qu’il soit du à l’arrêt d’un traitement sédatif et/ou la cicatrisation de lésions cérébrales.

Ce réveil s’accompagne très fréquemment (70 – 80 % des cas) de troubles du comportement, d’une agitation, d’un syndrome confusionnel, d’hallucinations auditives et visuelles, dont l’origine est multifactorielle mais qui traduisent certainement une angoisse, une souffrance physique et psychologique. Comment pourrait-il en être autrement quand on se réveille, après avoir été agressé par un traumatisme ou une maladie,  dans un espace étranger, inconnu, clos, dans un milieu hostile source de douleurs, de nuisances sonores, sans possibilité de parler dans un premier temps.

Cette souffrance est aussi très mal vécue par les familles des patients, et source de difficultés pour l’équipe soignante.

Certains facteurs de risque du « delirium » en réanimation sont reconnus, comme le tabagisme, l’usage excessif d’alcool, la sévérité de la pathologie et l’effet des médicaments sédatifs et opiacés.

Ce syndrome confusionnel est responsable d’une augmentation de la morbidité par ses conséquences néfastes : auto-extubation, retrait de cathéters et de sondes, dépendance prolongée de la ventilation mécanique, séjour prolongé en réanimation, mais aussi semble-t-il d’une augmentation de la mortalité.

Aucune technique de prévention, pharmacologique ou autre n’a été validée pour empêcher un patient admis en réanimation de développer un syndrome confusionnel.

L’introduction de l’art contemporain dans une chambre de réanimation , sans préjuger de sa forme, doit pouvoir diminuer cette souffrance en captant les sens du patient, sa vue, son audition, et éventuellement le toucher, en lui redonnant une sensation d’espace, de liberté, ou en recréant un milieu familier voire familial, en le faisant participer dans un système interactif.

C’est un challenge, inédit, qui devra vaincre de nombreuses difficultés , et s’adapter à des patients aux capacités de communication réduites en particulier en cas de ventilation artificielle, alités pour une durée moyenne de séjour de 8 jours mais parfois pour plusieurs semaines, dans un espace limité ( 20 m2 ) et clos, les patients en réanimation ne sortant pas ou peu de leur chambre, avec un environnement technique encombrant ( colonne encadrant la tête du patient, permettant l’arrivée de fluides et servant de support aux différents appareils de surveillance et de traitement, appareils de suppléance ventilatoire, rénale, cardiovasculaire…),  sonore ( alarmes des appareils de surveillance …) et  soumis à des contraintes d’hygiène.
Dr Sirodot, Cher de service réanimation, CHR Annecy